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Rédigé par Joëlle Perron-Oddo, administratrice et guide bénévole

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, nous avons le plaisir de vous
présenter un entretien avec Bénédicte Bérubé, autrice, compositrice et interprète, qui partage
dans son balado théâtre et musical  Vingt Kilomètres à pied  l’histoire de sa grand-mère Renée
Lacour. Cette femme au parcours discret mais remarquable a vécu la Deuxième Guerre
mondiale de près en Normandie. C’est ce récit douloureux et lointain que Bénédicte Bérubé a
reconstruit morceau par morceau pendant trois ans avec une grande sensibilité, rendant ainsi
hommage à sa grand-mère, décédée en 2020, qui a grandement contribué à la vie culturelle et
communautaire de Longueuil.
Un récit féminin à mettre en lumière
Pendant longtemps, l’accent a été mis dans la grande famille de Bénédicte et dans l’espace
public sur les exploits de guerre de son grand-père, l’ancien maire de Longueuil Marcel Robidas.
« Il était vu comme un héros de la Deuxième Guerre mondiale, et effectivement il a sauvé
beaucoup de gens ! Il correspondait bien à la figure du héros qui a surmonté l’adversité et
l’horreur, et qui revient au pays continuer sa vie », explique-t-elle. Sa grand-mère, quant à elle,
racontait parfois des bribes de sa jeunesse dans la campagne normande, mais évoquait peu ses
souvenirs pendant la guerre. « Si elle le faisait, elle devenait tellement émotive qu’elle ne
pouvait pas poursuivre », se souvient émue Bénédicte.
Très proche de sa grand-mère avec qui elle mangeait souvent à Longueuil, Bénédicte a
commencé à réfléchir à son projet de balado en 2018. « Je me suis dit que ce serait intéressant
de raconter son histoire, de m’informer davantage, de garder une trace de son vécu ». De fil en
aiguille, avec l’aide de mentors comme la comédienne et écrivaine Maryse Pelletier, elle a
tranquillement structuré le récit qui allait devenir le magnifique balado Vingt kilomètres à pied.
Une démarche mémorielle, documentaire et artistique
Bénédicte a d’abord recueilli les souvenirs de sa grand-mère lors d’appels téléphoniques ou de
nombreuses visites à Longueuil en prenant des notes mais sans nécessairement tout enregistrer,
car le moment présent était plus important à ses yeux. « Cela a donné lieu à de beaux moments
où ma grand-mère m’a chanté des chansons de l’époque », se remémore-t-elle. « Quand je suis
arrivée à ce moment de ma démarche, elle n’avait plus la mémoire d’avant, c’était donc plus
compliqué de concevoir une histoire qui se tenait », raconte Bénédicte. L’artiste est donc partie
en quête d’informations auprès d’autres sources (ses tantes, la famille de sa grand-mère en
France, un livre sur les orphelines de Normandie, des émissions de radio sur les civils pendant le
Débarquement, etc.). Ces éléments additionnés au récit intime de sa grand-mère lui ont permis
de structurer et de mener à bien son projet multidisciplinaire, d’y injecter du concret, du réel,
du vivant.

Une œuvre qui pousse à réfléchir
De nombreuses personnes ont déjà contacté Bénédicte pour lui faire part de leur appréciation
du balado. Celui-ci offre une fenêtre vers une réalité d’avant mais fait également écho
(malheureusement) à ce que l’on vit encore aujourd’hui, notamment avec la guerre en Ukraine.
L’œuvre permet aussi de réfléchir à la mémoire parfois occultée des aînés, notamment des
femmes. « Le balado rejoint des gens qui ont envie de garder une mémoire de leur grands-
parents, il les inspire à se rapprocher des personnes plus âgées qui les entourent » dit
Bénédicte. Il offre aussi, malgré tout, une belle histoire qui finit bien, qui donne de l’espoir.
Les femmes de Longueuil sous les projecteurs de l’histoire
En explorant une parcelle moins connue de la vie d’une grande Longueuilloise, Vingt Kilomètres
à pied permet aussi de questionner la sous-représentation des femmes dans l’histoire. Pourtant,
les accomplissements des Québécoises et des Longueuilloises sont nombreux, par exemple dans
les domaines solidaires, artistiques et communautaires. « Nous sommes en quête de modèles
féminins pour sentir aussi que notre rôle dans la société est important. Souvent, l’histoire des
femmes est invisibilisé », conclut Bénédicte.

Pour écouter le balado « Vingt Kilomètres à pied » : Vingt kilomètres à pied – Bénédicte Bérubé
(benedicteberube.com)

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