170-2, Guilbault
La petite maison du 170-2, rue Guilbault représente tout ce qu’il y a de plus typique en ce qui concerne l’architecture domestique urbaine. Ceci en fait un objet d’étude particulièrement attachant, car cette maison illustre bien les mœurs en vigueur au plan des techniques de construction. Datant approximativement de la fin du 19e siècle, cette modeste résidence qui abrite en fait deux maisons jumelées est de style Second Empire. Très populaire au Québec à cette époque, ce style architectural a su faire preuve d’une grande souplesse d’adaptation aux différents milieux. Issu du milieu du 19e siècle en France, le style Second Empire se caractérise surtout par la forme particulière de son toit qui permet d’utiliser les combles de façon plus large. Tel qu’on peut le voir ici, le toit Mansart à deux versants se compose d’un brisis légèrement recourbé et d’un terrasson à pente douce. D’ailleurs, il est intéressant de noter que chacune de ces parties possède un revêtement différent, soit la tôle à baguette et le bardeau. // En cette période victorienne, la mode est à l’éclectisme, ce qui veut dire que les bâtisseurs intègrent souvent des éléments tirés de plusieurs styles différents. Par exemple, le style néoclassique est celui qui revient le plus souvent dans l’architecture domestique. D’influence anglaise, ce style est perceptible dans l’architecture de la maison du 170-2, rue Guilbault surtout au niveau des formes. D’abord, la symétrie dans la disposition des ouvertures constitue un des principes les plus importants d’ordonnancement néoclassique. Ensuite, les retours de corniche qui sont décrits sur les murs de pignon par les larmiers esquissent la forme d’un fronton, tel qu’on en retrouve sur la façade des temples de l’Antiquité gréco-romaine. Enfin, les deux petits frontons-pignons triangulaires qui ornent le toit de la galerie dans l’axe des portes d’entrée contribuent recréer l’effet d’un portique classique. // Quoique très peu décorées, les résidences jumelées du 170-2, rue Guilbault donnent tout de même à voir d’intéressants détails ornementaux. Tout d’abord, notons la grande galerie à balustrade qui parcourt toute la longueur de la façade avant de la maison. Couverte d’un petit toit à pente douce, la galerie est clôturée par des colonnes carrées qui supportent un entablement simple. Si on s’approche, on peut observer les impostes vitrées qui dominent les portes d’entrée et qui laissent entrer davantage de lumière à l’intérieur de la maison. Aussi, on remarque les deux lucarnes à pignon qui percent le brisis du toit tout en s’harmonisant parfaitement à la composition symétrique dont nous discutions précédemment. Finalement, il est intéressant de constater que la seule véritable ornementation qui figure sur cette maison de la fin du 19e siècle consiste en de subtils linteaux décoratifs en brique qui chapeautent les fenêtres. Typique à la période victorienne, ces articles purement esthétiques témoignent du perfectionnement des techniques de briqueterie vers la fin du 19e siècle.
Caractéristiques :
-maisons jumelées, architecture domestique urbaine fin 19e siècle
-maison de style Second Empire, 2e moitié du 19e siècle en France
-toit Mansart à 2 versants : permet d’utiliser les combles de façon plus large
le toit Mansart est la marque la plus évidente du style second empire,
souplesse d’adaptation aux différents milieux, grande popularité à la fin du 19e siècle autant en milieu rural, urbain, bourgeois ou populaire
-brisis légèrement recourbé + terrasson à pente douce
-recouvrement : toit de galerie et terrasson = tôle à baguette // brisis = bardeaux
-larmier décrit un retour de corniche, formes néoclassiques du fronton sur le mur de pignon
-symétrie dans la disposition des ouvertures = principe néoclassique d’ordonnance
-galerie à balustrade couverte d’un petit toit de galerie à pente douce,
supporté par des colonnes carrées et un entablement dépouillé
-deux petits frontons-pignons triangulaires au-dessus des portes d’entrée =
portique inspiration néoclassique, entrée anoblie
-porte d’entrée séparées/éloignées à imposte vitrée
-lucarnes à pignon dans le brisis du toit, percent la façade
-fenêtres à battants à grands carreaux, communes au 19e siècle, modèle classique anglais
-revêtement mural en brique rouge commune : apparition dès 1840 dans l’architecture domestique, acquis grande popularité à la fin du 19e siècle
-linteaux décoratifs en brique aux fenêtres : seule ornementation de la maison (typique 19e siècle)