La maison Patenaude
Nicolas II, l’ancêtre de tous les Patenaude d’Amérique du Nord est arrivé au pays vers 1650, en provenance de Berville-en-Caux, en Normandie. Il était le fils de Nicolas I et d’Adriane Saint-Simon. Son père descendrait d’une famille dont les racines remontaient jusqu’au Moyen-Age, et le nom de la famille viendrait du fait qu’elle était formée de patenôtriers, ou fabricants de chapelets. À son arrivée au pays, Nicolas II s’installe à Sillery, où il commença à pratiquer son métier de drapier. Le 30 octobre 1651, il épousa en l’église Notre-Dame de Québec, Marguerite Breton.
Pierre, fils ainé de Nicolas II, vint s’installer à Longueuil à la mort de son père, en compagnie de ses frères Charles et Jean (ces 3 Patenaude sont les ancêtres de la presque totalité des Patenaude d’Amérique). Il entreprit de fonder la famille de 2e génération en Nouvelle-France par son mariage à Catherine Brunet, épousée le 25 novembre 1685 en la paroisse Notre-Dame de Montréal.
Charles Le Moyne I, premier seigneur de Longueuil, concéda les 18 premières terres de sa seigneurie en mars 1675. La première terre située immédiatement à l’ouest du village fut concédée à Pierre, un jeune homme de 22 ans, devant le notaire Bénigne Basset. Cette concession mesurait 4 arpents de largeur en bordure du fleuve Saint-Laurent sur 20 arpents de profondeur, et elle s’arrêtait au chemin du Roy (actuelle rue Saint-Charles).
Au moment ou Pierre « Patenostre » prit possession de sa terre en 1685, le terrain était occupé par un boisé. Patenostre se construisit vraisemblablement une maison dès la même année et probablement en pièces sur pièces. C’est somme toute François, fils héritier de Pierre, qui fit construire la maison actuelle. Comme la maison ressemble beaucoup à celle que son cousin, le maître maçon Étienne Patenaude, construisit pour le dénommé Michel Dubuc, on est enclin à croire que François se fit bâtir semblable dans le cadre d’une corvée familiale.
L’aveu et dénombrement de 1723 n’est cependant pas d’un véritable secours car s’il indique la présence d’une maison, d’une grange et d’une étable sur le terrain, il ne précise malheureusement pas si la maison est en bois ou en pierre. Le premier document à préciser qu’il s’agissait bien d’une maison de pierre fut le contrat de mariage de Michel V, petit fils de François, rédigé le 2 octobre 1841 par Isidore Hurteau, mais il ne fait pas l’ombre d’un doute que la maison est antérieure à 1841.
Le contrat de mariage de Michel Patenaude V et d’Anastasie Daigneau rédigé par le notaire Isidore Hurteau et signé le 2 octobre 1841 souligne que la concession a évolué au fil des ans : sa largeur est passée à 2 arpents en bordure du fleuve et à 3 arpents et 2 perches à l’arrière, tandis que sa profondeur passait de 20 à 30 arpents. Michel V fut le dernier des Patenaude à vivre dans la maison de pierres des champs. Il dut s’en départir en 1875 pour payer ses dettes, après 200 ans au même emplacement.
La propriété fut partagée en six lots et vendues à 8 hommes d’affaires, le 18 janvier 1875. Le lot qui contenait la maison et ses dépendances fut cédé à Louis A. Jetté. Les propriétaires subséquents furent : F.L. Beigne (1910); Lasalle Inc. (1924); Trust Général du Canada (1933); Mme Lionel Turcotte (1947); Jean Diorio (1954); Joseph Rayle (1971) et Billy Monasterion (8 novembre 1973). C’est à ce dernier qu’on doit la restauration de la maison (1974-75) selon son architecture d’origine.
Le bâtiment a repris l’apparence qu’il avait eu jusqu’en 1948, alors qu’on le modifia considérablement par l’addition de galeries et de vérandas et plusieurs autres « touches » mineures. Le résultat était tout simplement catastrophique! La maison porte maintenant l’adresse du 1510, rue Saint-Charles ouest, mais le chemin qui conduit à l’entrée principale débouche entre le 210 et le 220, rue Bourget.