195, chemin de Chambly
Essentiellement influencée par le goût britannique en vigueur à l’époque, la résidence du 195, chemin de Chambly illustre bien comment les bâtisseurs québécois se sont appropriés le classicisme anglais typique du 19e siècle. Ce courant architectural se définit principalement par une adaptation des principes palladiens émis au 16e siècle par l’architecte érudit Palladio, ainsi que par l’utilisation de certains éléments du vocabulaire de l’Antiquité gréco-romaine. Ainsi, on peut dire que la maison à l’étude revêt un style néopalladien, puisqu’il s’agit d’un renouveau historique, tout en se rapprochant beaucoup du style néoclassique. // Tout d’abord, on remarque d’emblée l’organisation classique des éléments architecturaux de cette maison et la symétrie dans la disposition de ses ouvertures. Directement tirés du répertoire de formes palladien, les linteaux des fenêtres et des lucarnes à la capucine forment un arc en plein cintre, aussi appelé arc en anse de panier. Aussi, le portique en hémicycle possède un imposant entablement qui est surmonté d’un fronton à caissons. Ce dernier, tout comme les colonnes et les pilastres qui le supporte, demeure relativement épuré et simple, ce qui est commun au sein de l’architecture néoclassique à fonction domestique. Quoiqu’il en soit, la porte d’entrée possède tout de même une imposte vitrée surmontée d’une large corniche d’entablement qui témoigne probablement du haut rang social du propriétaire qui la fit installer. Il en va de même pour les retours de corniches et les larmiers massifs. // Malgré son influence britannique prédominante, l’architecture de cette maison renferme tout de même des caractéristiques proprement françaises et québécoises. Par exemple, le toit Mansart à deux versants est issu du style Second Empire qui connut beaucoup d’importance en France au cours du 19e siècle. Dans un autre ordre d’idée, le solage en pierres des champs non équarries renvoie à des pratiques architecturales datant d’aussi loin que le Régime Français. Enfin, les murs, qui possèdent un revêtement de brique rouge commune, témoignent de la grande popularité de ce matériau aux 19e et 20e siècles. Le grand essor de ce moyen de construction provenait de la mise au point de nouvelles techniques de fabrication de masse de la brique, qui en fit un matériau peu coûteux.
Caractéristiques :
-classicisme anglais du 19e : adaptation des principes palladiens joints au vocabulaire antique
-style néopalladien intègre/se rapproche beaucoup du style néoclassique ; influence britannique
-organisation classique, symétrie dans la disposition des ouvertures
-portique en hémicycle avec entablement et fronton à caissons nus
-linteaux en plein cintre ou en anse de panier au dessus des fenêtres et des lucarnes
-colonnes et pilastres antiques aux lignes simplifiées, épurées
-lucarnes à la capucine (arrondi dans le toit)
-porte avec imposte vitrée rectangulaire et entablement avec corniche d’entablement
-retour de corniche et larmiers massifs
-influence française du style Second Empire (2e moitié 19e) : toit Mansart à deux versants
-structure de bois
-revêtement de brique rouge commune : matériau peu coûteux grâce aux nouvelles techniques de fabrication de masse, 2e moitié 19e
-solage de pierres de champs non équarries